En plus de la baisse déjà alarmante des prévisions d’activité des équipes artistiques, cette rentrée est marquée par plusieurs nouvelles menaces qui pèsent de plus en plus lourdement sur l’emploi dans notre secteur.
Comme nous le dénoncions, les annulations de crédits du ministère de la Culture, décidées lors des rectificatifs budgétaires 2025, empêchent désormais le ministère de financer les mesures de soutien à l’emploi du FONPEPS. La DGCA ne peut plus verser les aides, déjà validées et dues, à partir de septembre. Cette situation affecte tout notre secteur et aura un impact immédiat sur la capacité des employeurs à maintenir des emplois durables et à organiser des représentations dans des lieux aux économies fragiles, souvent proches des habitants et en zones rurales. C’est d’autant plus inacceptable que cette situation était prévisible et identifiée, et qu’elle survient alors que, comme le souligne le sénateur Fabien Gay dans son rapport récent, 211 milliards d’aides à l’emploi sans contrepartie ni surveillance ont été accordés aux entreprises, alors que le FONPEPS ne représente que 70 millions de dépenses. Le Syndeac utilisera tous les moyens légaux pour que l’État respecte ses obligations face à cette dépense inévitable. Nous vous encourageons à participer massivement à l’enquête flash que nous avons lancée pour collecter des données sur votre structure.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a confirmé qu’il maintient la lettre de cadrage de son prédécesseur sur une possible réforme de l’assurance chômage. Cette lettre précise que les annexes VIII et X seront incluses dans les négociations, ce qui est une ligne rouge pour notre syndicat. Nous nous opposerons, avec toutes les organisations professionnelles (employeurs et salariés), à toute augmentation des heures travaillées requises pour l’indemnisation et à toute réduction du taux d’indemnisation.
La suppression de la part collective du Pass Culture pour le second semestre 2025 laisse un vide culturel immense dans les écoles et le parcours éducatif des jeunes, entraînant des annulations massives de sorties scolaires et de projets en classe. Cela affecte également l’emploi direct des artistes et des éducateurs artistiques. Bien que cela ne soit pas surprenant, cela ne diminue pas notre colère partagée avec nos collègues de l’éducation nationale. Nous critiquons vivement le manque de supervision et de contrôle de ce dispositif, qui a remplacé progressivement d’autres financements croisés entre la culture et l’éducation nationale, permettant à certains opérateurs de bénéficier de fonds publics de manière disproportionnée, certains recevant jusqu’à un million d’euros. Cela démontre que confier la gestion de l’éducation artistique à une S.A.S. privée mène à une impasse. Il est grand temps de changer de cap !
Face à l’urgence de réorienter les budgets fixés pour 2025, nous sommes pleinement engagés avec les organisations professionnelles, les services publics et le secteur associatif et social. La survie de notre secteur, de ses emplois et de leur impact social est en jeu. La détérioration des conditions d’accès aux services publics doit cesser immédiatement. Pour cela, nous devons renforcer nos alliances avec d’autres services publics et continuer à dialoguer avec nos concitoyens. Ainsi, nous co-organisons des débats à travers la France d’ici fin novembre. Hier, à Sault, le 24 septembre, nous avons discuté du pouvoir des mots et de la transformation des récits en information. Le 24 novembre, à Nancy, nous aborderons les liens entre sciences, information et complotisme. Le 1er octobre, à Saint-Nazaire, nous accueillerons des collègues de la police et de la justice pour parler de la fragilisation de leurs relations et des menaces sur notre démocratie. À Marseille, le 6 octobre, la santé sera au centre des discussions, et nous examinerons ce qu’implique une politique publique bienveillante. Le 1er octobre à Sète et le 13 octobre à Valenciennes, nous défendrons respectivement un service public d’éducation artistique et culturelle, et une politique qui lie rénovation urbaine et accès à la culture. À Montpellier, nous parlerons de l’impôt et des recettes de l’État pour financer ses politiques publiques. Enfin, à Paris, le 27 novembre, nous conclurons cette série de débats au Carreau du Temple pour envisager nos services publics comme le cœur de nos villes.
Pour le bureau,
Claire Guièze et Joris Mathieu,
coprésidente et coprésident du Syndeac