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Affronter les contrevérités

Tenons-nous le pour dit : nous vivons une époque où la vérité est allègrement falsifiée. 

Où le Premier ministre et Bercy prétendent pouvoir faire des coupes drastiques dans les budgets des services publics sans en fragiliser le fonctionnement. Où une ministre de la culture peut affirmer à une journaliste qu’il ne faut pas se fier aux publications du Journal officiel. Où certains présidents et présidentes de collectivités peuvent retirer les soutiens financiers aux équipes artistiques et aux lieux de création tout en expliquant que leurs budgets ne sont pas en baisse.

L’exercice de nos métiers se heurte à cette forme de déni institutionnel, qui se mue même en violence quand certains discours passent la ligne rouge en dénonçant les dépenses publiques inutiles ou en pourfendant la dangerosité du wokisme culturel.

Et bien sûr, ça nous épuise de devoir affronter quotidiennement ces contre-vérités. Ça nous atteint psychologiquement de devoir subir les effets de cette crise économique qui n’existerait pas. Mais surtout, ça nous déstabilise de travailler dans un climat où règne désormais la peur. Une peur bien concrète : celle de la perte des emplois. Une peur plus diffuse : celle que le pouvoir de subvention s’exerce de plus en plus librement comme une menace, et puisse s’abattre avec encore plus de radicalité si nous faisons entendre une voix contestataire.

Il y a deux ans, nous nous alarmions déjà de la culture de la peur qui s’installait dans la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Aujourd’hui cette situation s’est banalisée et étendue à l’ensemble du territoire. Cette peur est constitutive de toutes les crises économiques et démocratiques. Elle est, de fait, un instrument puissant de division du collectif, puisqu’elle renvoie chacune et chacun à des enjeux de survie individuelle.

Soyons clairs et nets, personne, parmi nous, n’est indifférent aux situations vécues par les collègues les plus immédiatement impactés par la crise. Tout le monde se sait concerné par l’effondrement généralisé de notre écosystème. Et tout le monde a conscience d’être sous la menace d’un budget 2026 encore plus contraint, qui promet 40 nouveaux milliards d’économies de dépenses publiques. Quant aux enjeux de solidarité, ils s’expriment sincèrement unanimement. Mais à l’épreuve de la gestion quotidienne de la crise économique, cette unité vole facilement en éclats. Non pas tant par désolidarisation entre nous mais parce qu’à notre échelle – soyons sincères – il n’existe en réalité aucune solution viable pour neutraliser les effets dramatiques des coupes budgétaires. Nos adhérentes et adhérents à la direction des structures ne pourront pas, sans décisions politiques et budgétaires favorables, préserver le nombre, la qualité des spectacles et les conditions de travail.

Nous devons faire l’exercice difficile d’accepter cette réalité sans chercher à la falsifier, sans chercher à se raconter des histoires selon lesquelles nous pourrions “être plus inventifs” pour amortir cette crise. Les chiffres que nous avons sous les yeux sont sans équivoque. Chaque euro de coupe dans les subventions d’équilibre a un effet démultiplicateur, qui se traduit par une diminution des recettes d’activité des structures (moins de recettes de billetterie pour les organisateurs et moins de recettes de ventes de spectacles pour les producteurs). En conséquence la chute libre s’accélère et si nous n’avons pas encore de chiffres consolidés, nous pouvons d’ores et déjà estimer que les apports en production des lieux labellisés aux équipes artistiques auront probablement baissé en fin d’année de 30% à 50% par rapport à 2024. Le nombre de levers de rideaux en France aura certainement autant diminué en une seule année qu’au cours des 5 années précédentes cumulées.

Nous l’avons déjà dit en début d’année, les responsabilités qui pèsent sur les employeurs sont démesurées et les problématiques insolubles. Cela ne relève plus de notre niveau de responsabilité de gérer une crise d’une telle ampleur. Il revient aux responsables politiques de prendre les décisions qu’imposent les restrictions budgétaires qu’ils et elles ont votées. Et malgré le climat de peur généralisé, les menaces directes ou indirectes qui pèsent individuellement sur chaque projet, qui entravent la possibilité de s’exprimer, nous toutes et tous qui formons ce syndicat, nous devons faire front ensemble et trouver le courage de dénoncer collectivement l’absence de solution à laquelle on nous demande de nous résoudre.

Nous devons faire nombre et rendre visible notre alliance avec les élu·es républicains de tous bords qui refusent de sacrifier la culture sur l’autel de l’austérité budgétaire. Dans cette optique, nous vous invitons à réserver dès maintenant la date du 11 juillet au matin. Réunissons-nous ce jour-là à l’Opéra d’Avignon et invitez vos élu.es à vous accompagner pour participer à notre grand débat : « De quelle culture parlerons-nous en 2026 ? »

Une photo, de l’ensemble des élu·es présent·es et “Debout pour la culture”, sera réalisée à l’issue de ce débat.

Et d’ici-là, nous vous invitons à vous mobiliser et à vous impliquer pleinement dans l’organisation de tous les rassemblements, manifestations, rendez-vous publics, qui sont en cours dans vos régions.

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